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UN DRÔLE DE VOYAGE

— Je vais donc enfin pouvoir me dénoircir, » dit vivement Charlot, qui, n’ayant pas l’habitude d’aller au fond des choses, n’insista pas davantage pour découvrir l’auteur de cette étonnante plaisanterie. Et il ajouta, non sans tristesse :

« Quand je n’étais pas bien débarbouillé, maman et papa n’aimaient pas du tout m’embrasser. »

Mimile réfléchissait.

« À quoi penses-tu ? lui dit Charlot.

— Je pense qu’il faut garder nos pantalons et nos chemises ; si quelqu’un venait. ! !… Nous nous laverons les jambes et le visage seulement, c’est le plus important.

— Oui, mais moi retrousserai mes manches de chemise pour bien me laver les bras, et je rabattrai mon col pour mieux me laver le cou, qui est tout noir encore de charbon.

— C’est cela, répondit Mimile.

— Donne-moi donc la petite glace, elle m’aidera à voir où je dois frotter le plus.

— La voici dit Mimile, après avoir pris dans son sac l’objet demandé par Charlot.

— Je suis un vrai nègre ! s’écria Charlot avec un geste d’horreur dès qu’il eut consulté le miroir. Le paysan au bâton avait bien raison. Louise ne me reconnaîtrait pas. »

Mimile avait déjà défait ses guêtres. Quelques minutes après, assis au bord de la rivière, il prenait un bain de jambes, pendant que Charlot, debout et les deux pieds dans l’eau, en puisait dans le creux de sa main et se