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UN DRÔLE DE VOYAGE

bateaux et les vider. Tu trouves que c’est plus varié.

— Ce n’est que pour le commencement, répondit Charlot, et c’est tout de même passé.

— Alors tu es certain que maintenant ça va aller tout seul ? Compte là-dessus. Moi, je crois plutôt que Harrisson ne t’a raconté que des mensonges avec ses voyages et son Amérique… Nous sommes à peine en route, et déjà nous avons été pris deux ou trois fois pour des voleurs ou des malfaiteurs ; nous avons failli mourir de faim et être assommés, puis embrochés ; nous avons été garrottés, faits prisonniers, jetés par terre comme des paquets, sans compter que le bateau qui nous a amenés ici a été capturé par des pirates… et que le patron et le chauffeur ont peut-être été massacrés tous les deux. Nous n’échappons à un danger que pour tomber dans un autre. Ose donc dire que ça t’amuse ?

— Non, ça ne m’a pas bien amusé jusqu’à présent, mais je crois que nous nous amuserons beaucoup, plus tard, dit l’obstiné Charlot ; tu verras, quand nous serons en Amérique !  !

— En attendant, faisons un somme de deux heures, répondit Mimile.

— Est-ce que tu ne trouves pas qu’on est bien sur l’herbe ? dit Charlot.

— Ça dépend, répondit Mimile, de ce qui peut survenir. Si tu m’en crois, tirons par précaution nos couteaux de nos ceintures pour être prêts en cas d’attaque, et gardons-les chacun dans notre main droite en dormant.

— Je veux bien, » répondit Charlot, dont les yeux se fermaient.