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UN DRÔLE DE VOYAGE

— Nous ne sommes de la bande à personne, entendez-vous ? dit à son tour Charlot.

— Tiens !… il parle, ce mal débarbouillé ! reprit la femme avec un ton méprisant ; c’est un négrillon, sans doute ; comment se trouve-t-il par ici ?

— Un négrillon ? pas même, reprit l’homme. M’est avis que c’est plutôt un singe. »

Charlot resta coi à cette insulte.

S’il n’avait pas été si noir, il eût été rouge comme un coquelicot.

Le paysan reprit :

« Ça vous a des couteaux, des flèches et des sacs !… ça ressemble aux petits sauvages qu’on montre pour deux sous dans les foires.

— Nous sommes des voyageurs de Paris, riposta fièrement Mimile.

— Et nous allons en Amérique pour notre éducation, dit Charlot.

— En Amérique ! répéta le paysan en haussant les épaules ; si on ne devrait pas donner le fouet à ça !

— Essayez donc un peu ! » répliqua Mimile en tirant son couteau.

Charlot, entraîné cette fois par l’exemple, dégaina à son tour, mais en se plaçant derrière Mimile.

« Des couteaux longs comme le bras rien que ça… Dis donc, femme, passe-moi donc ma fourche qui est dans la voiture. »

La femme exécuta cet ordre immédiatement.

Le paysan saisit alors l’instrument aratoire, et reprit en le brandissant :