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un drôle de voyage.

nous mettrions nos effets dedans et nous les pousserions devant nous en nageant.

— Il n’y pas de baquet, dit Charlot attristé. Mais, Mimile, nous trouverons un pont plus loin.

— J’y suis !… s’écria Mimile en se frappant le front, nous allons faire un radeau, comme dans les naufrages, tu sais ?

— Un radeau… et avec quoi ?

— Avec du bois, des herbes, avec n’importe quoi tu vas voir. »

Et Mimile se mit à regarder autour de lui.

Des touffes de peupliers et de petits arbres croissaient en cet endroit, sur la berge.

« Voici notre affaire ! s’écria Mimile ; il ne s’agit plus que de couper une douzaine de ces petits arbres que nous attacherons ensemble avec des branches ; puis nous les couvrirons de paquets d’herbes, et notre radeau sera terminé. Ensuite, nous disposerons tout dessus, et il n’y aura qu’à le mettre à l’eau et à le pousser en avant jusqu’à l’autre bord.

— Coupons les arbres ! » s’écria Charlot enthousiasmé.

Les deux enfants tirèrent leurs couteaux.

« Coupons d’abord celui-là, dit Mimile en désignant un petit peuplier qui était devant lui.

— Coupons ! coupons ! » répéta joyeusement Charlot.

Mais nos petits aventuriers s’étaient à peine accroupis au pied du jeune arbre, pour commencer leur besogne, que l’homme étrange dont nous avons parlé plus haut, et qui avait réussi à les dépasser et à se glisser le long de la berge, se dressa tout à coup devant eux en criant :