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un drôle de voyage.

Mimile poursuivit en cherchant à s’orienter :

« L’est est du côté où se lève le soleil, et le soleil se lève là ; ça se voit tout de suite.

— Oui, il se lève là, répéta Charlot.

— Le sud est donc sur la droite, et le sud-ouest un peu plus loin du même côté. C’est donc par là qu’il faut que nous allions pour rencontrer l’Amérique… Marchons ! car il ne faut pas perdre de temps.

— Marchons ! » répéta Charlot.

Et ils s’éloignèrent chargés comme des mulets, chacun ayant son arc à la main, et deux flèches passées à la ceinture, en cas d’alerte ; Charlot avait de plus son sucre de pomme entre les dents.

Chose inexplicable ! ils n’avaient pas aperçu un être étrange qui se tenait couché sur le toit de la cabane où ils avaient passé la nuit.

Ce singulier personnage, tatoué comme un Indien, avait de longs cheveux mal peignés et relevés en plumeau sur sa tête, un pantalon à larges rayures bleues, une casaque de couleur fauve et des espadrilles en guise de souliers… Il portait pour toute arme un long bâton ferré.

Il ne vit pas plus tôt Charlot et Mimile s’éloigner, qu’il se laissa glisser le long de la cabane ; il les observa longtemps en se tenant caché… et finalement se mit à ramper sur leurs talons.

Charlot et Mimile, excités par l’air frais du matin, poursuivaient grand train leur voyage, sans se douter qu’ils étaient suivis de si près.

Charlot ravi disait :

« C’est tout de même trop gentil de se promener le