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chez les sauvages.

puis un pied, puis une jambe, et en définitive le reste du corps.

« Comme tout est noir par là ! murmura-t-il. Je n’aime pas l’ombre.

— Il ne fait pas clair la nuit, fit observer Mimile.

— À Paris, il y a du gaz la nuit, répliqua Charlot.

— Il y a aussi papa, maman, mon oncle, et Dorette, et Louise, et les domestiques ! Et puis à manger quand on a faim, et à boire quand on a soif, et un bon lit pour dormir à volonté quand on a sommeil. »

Charlot ne répondit pas ; il se contenta de pousser un soupir étouffé.

« Mais bast ! il ne faut plus penser à cela, poursuivit Mimile ; nous sommes partis pour l’Amérique, et il faut y aller. On se moquerait trop de nous si nous revenions sur nos pas ; d’abord nous ne le pourrions plus. »

Une gerbe d’eau, partie du milieu de l’ombre, vint en ce moment frapper Mimile et Charlot en plein visage.

Charlot ne put retenir un cri et rentra aussitôt dans la cabane, en entraînant son compagnon.

« Tais-toi donc ! lui dit Mimile en refermant la porte derrière lui ; ça ne sert jamais à rien de crier.

— Comprends-tu cette eau ? demanda Charlot stupéfait.

— Non. Après ça, c’est peut-être une trombe.

— En tout cas, ce n’est pas amusant, se contenta de dire Charlot, ça saisit et ça mouille ; cela doit pouvoir enrhumer.

Bah ! essuyons-nous, » dit l’imperturbable Mimile,

Le jour commençait à poindre.

« Voici le jour !… s’écria joyeusement Charlot.