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Mimile se rendormit assez vite. Charlot y mit plus de temps, et encore ne finit-il par se rendormir que pour rêver à Mange-tout-cru.

Tant bien que mal ils sommeillaient depuis longtemps déjà, quand ils furent réveillés, mais cette fois par des détonations d’armes à feu. Ils furent debout en une minute et allèrent en tâtonnant jusqu’à la porte, dans l’espoir de découvrir, à travers le trou de la serrure, ce qui se passait au dehors. La fusillade s’arrêtait de temps en temps, interrompue par des cris sauvages.

« Si nous ouvrions la porte pour voir ? dit Mimile.

— Non ! non ! s’écria Charlot ; nous n’aurions qu’à nous trouver tout à coup avec Mange-tout-cru…

— Tant mieux ! Nous lui tomberions dessus, pendant qu’il se battrait avec les autres.

— Je te dis qu’il ne fait pas clair.

— Nous allumerons notre chandelle et tu la tiendras, pendant que je taperai sur Mange-tout-cru.

— Je ne veux pas la tenir, je serais le plus exposé.

— Ce n’était pas la peine de te mettre en route pour ne rien faire du tout. Reste ici si tu veux ; moi, je vais entr’ouvrir la porte pour voir ce qui se passe.

— Je ne veux pas rester seul ! » dit Charlot avec une grande émotion.

Mais la porte était ouverte et Mimile regardait déjà dehors.

L’obscurité était profonde. On ne voyait personne et l’on n’entendait aucun bruit.

« Ils sont partis… viens plutôt voir, Charlot. »

Charlot risqua la moitié de sa tête, puis l’autre moitié ;