Un matin, mademoiselle Dax, couchée de tout son long aux pieds de madame Terrien, interrogea :
— Monsieur Fougères, vous qui habitez Constantinople, dites-moi : est-ce que c’est très beau ?
Glacée de timidité devant son père, sa mère ou son fiancé, mademoiselle Dax osait très bien questionner ses amis du chalet des Chats.
— Constantinople ? non, pas très beau… pas beau du tout… pire.
Bertrand Fougères, accoudé à une branche de mélèze, regardait fixement la fumée bleue de sa cigarette, où peut-être il revoyait soudain les cinq cents mosquées de Stamboul, aux minarets dressés comme des lances. Alice répéta sans avoir compris :
— Pire ?
Fougères, d’un coup de l’index, secoua un peu de cendre, puis baissa son regard vers la jeune fille étendue :
— Pire. Plus beau que très beau. D’une beauté grave et rude à laquelle vous ne comprendriez absolument rien.
Très souvent M. Dax et madame Dax avaient jeté des phrases analogues à la tête de leur fille. « Tu n’y comprends rien » était même, dans la maison de l’avenue