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— Pourquoi ?

Et, sa fille se taisant, il répéta :

— Pourquoi ?… Tu ne veux pas épouser M. Barrier… Je suppose que ce n’est pas là un pur caprice ! Tu as une raison. Dis-la ?

Une phrase entendue autrefois, et jamais oubliée, monta aux lèvres de mademoiselle Dax :

— Je ne veux pas l’épouser parce qu’il ne m’aime pas, et que je ne l’aime pas.

— Qu’est-ce qu’elle dit ? – cria madame Dax scandalisée.

Mais de la main, M. Dax lui imposa silence. Tout à fait calme, à présent, il traitait l’affaire en homme de sang-froid.

— Il ne t’aime pas, tu n’en sais rien. Ta mère et moi, agissant au mieux de tes intérêts, avons au contraire admis qu’il t’aimait. Tu ne l’aimes pas, tu n’en sais rien non plus. Une jeune fille ne peut voir clair en elle-même que le lendemain de son mariage. La raison que tu donnes n’est donc pas valable. En as-tu une autre ? Réponds ?

Mademoiselle Dax resta muette.

— Point d’autre raison ? En ce cas…

Il concluait d’un haussement d’épaules, mais mademoiselle Dax, toujours irréprochablement douce et têtue, secoua encore la tête de droite à gauche et de gauche à droite :

— Je n’épouserai pas M. Barrier.

— Qui épouseras-tu, alors ? – demanda brusquement M. Dax. – Oui, qui ? Tu as fait un autre choix,