chrétienne, de s’occuper de plaire. Vous n’avez que faire d’être jolie ni séduisante. Soyez bonne, rien que bonne, et vous serez selon le cœur de Dieu…
Il sermonna, pas trop fort : car en somme, Alice, très pure, très droite, très tendre, lui semblait bien à peu près selon le cœur de Dieu…
Et il s’interrompit tout à coup :
— Ils sont durs pour vous ? qui donc ?
— Tous, – murmura très bas mademoiselle Dax : – p’pa, m’man, Bernard…
L’abbé Buire s’étonna :
— Durs ?
Il la regarda très attentivement. Elle avait de belles joues pleines, le teint chaud, l’allure robuste d’une fille bien portante ; avec cela, une robe d’été fort gracieuse… bref, pas du tout l’air d’un enfant martyr. L’abbé fronça les sourcils :
— Je ne vous comprends pas très bien, ma petite… Vous faites plutôt envie que pitié, ce me semble !
Mademoiselle Dax hocha mélancoliquement la tête :
— Envie ? Oh ! père !… Vrai, il faudrait qu’elle eût le cœur sec, celle à qui je ferais envie !
— Le cœur sec ?
— Eh oui ! si vous croyez que c’est gai de n’être aimée de personne !
L’abbé Buire écoutait, attentif. Mais au dernier mot, il respira large, et haussa les épaules.
— Ah ! – dit-il. – Voilà votre marotte qui vous reprend… On ne vous aime pas ! personne ne vous aime !
Il eut un petit rire indulgent. Puis, plus sévère :