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JEAN-PAUL

Quel bon type après tout, un peu naïf, un peu badaud, mais si charmant et si utile ! Tu sais s’il t’en a fait des devoirs français ; et moi-même, je lui dois plus d’un discours.

Maintenant efforçons-nous, tous les deux, d’enterrer cette histoire de lettres. Soyons discrets.

Ton meilleur ami,
GASTON G.


Pendant la lecture de cette lettre, Jean-Paul avait passé par tous les degrés de la tristesse, de l’abattement et de la colère. Quelle humiliation ! Lui si fier, si confiant, et d’autre part si loyal, se voir ainsi trompé ! Chaque phrase lui arrivait avec la violence d’une gifle. Tantôt la rage l’étouffait ; tantôt un vide affreux se creusait subitement dans son cœur. À la fin, les larmes l’aveuglaient. Exaspéré, il se leva, froissa la lettre qu’il roula comme une balle ; et sans plus savoir où il était, où il allait, il s’élança du côté de la porte. Mais en même temps qu’il tournait la poignée, une autre main de l’extérieur la tournait aussi : le Père Beauchamp apparut et ramena Jean-Paul vers le bureau :

— Eh bien ! êtes-vous convaincu maintenant ? Ces preuves suffisent-elles ?

Abattu, consterné, le visage défait, l’écolier vaincu n’osait dire un mot. Le Père aurait voulu avoir le temps de panser la blessure, d’y mettre