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JEAN-PAUL

— Il m’en a donné bien des preuves.

— Et si ce n’était pas l’ami qu’il vous faut ?

— Vous ne voudriez toujours pas me séparer de lui ?

Le Père s’accouda sur son bureau, joignit les deux mains comme pour supplier :

— Jean-Paul, avez-vous confiance en moi ? voulez-vous accepter, pour aujourd’hui, un excellent conseil ? Eh bien ! Éloignez-vous de cet ami, ou plus exactement, de ce compagnon qui n’est pas votre ami.

Jean-Paul, surpris, interloqué, ouvrit de grands yeux, pendant que le rouge montait à son visage, un rouge de colère :

— C’est bien… pour René Magnan, je concède. Quant à Gaston, non, jamais, c’est mon meilleur ami !

Alors commença entre les deux interlocuteurs une suite de protestations et de supplications. Le Père avait prévu un rude combat, une lutte dans laquelle il aurait pu triompher d’un seul coup, mais d’un coup cruel qui aurait violemment blessé son adversaire. Il voulut donc tenter tous les autres moyens. Pendant qu’il parlait, il ouvrait et fermait son tiroir de gauche d’où pendait un trousseau de clefs qui sonnaient chaque fois comme un cliquetis d’armes.