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JEAN-PAUL

— Au confessionnal, j’avoue franchement mes fautes.

— Vos fautes, oui ; mais que de circonstances autour de ces fautes qu’il serait bon de faire connaître à votre confesseur ! Tels mouvements de l’âme peuvent bien ne pas relever du sacrement ; ils affectent néanmoins la conscience, l’éclairent ou l’obscurcissent, la bouleversent et parfois même la désemparent. Tout se tient dans notre vie intérieure. Un adolescent a besoin plus que quiconque d’une particulière assistance. Certains élèves se disent : « Je suis capable de conduire mon affaire tout seul. » Et la preuve… c’est qu’ils la conduisent fort mal !

Le Père prêchait un converti : les événements, plus que les arguments, avaient produit la conviction dans l’âme de Jean-Paul. Aussi prit-il sur lui d’interrompre la démonstration pour exposer le motif de sa visite. Il déclara avec candeur son amour pour René Magnan, et surtout son chagrin de la rupture.

— Vous souffrez, reprit le Père, et je le comprends. La souffrance est la rançon inévitable de ces amitiés fausses et impossibles. Vous connaissez l’adage latin : « amicitia pares invenit aut facit ». Dans le cas, l’amitié ne vous trouve pas semblables et ne peut pas vous rendre semblables.

— Donc il n’y a pas de bonnes amitiés entre élèves ?