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VERS LA LUMIÈRE

nous prenions un si long temps à nous entendre et à nous rejoindre ? Vous dites parfois dans vos moments de tristesse : « Personne ne me comprend ». Vous vous plaignez de n’être pas compris et vous refusez de vous expliquer. Pourquoi ne pas accepter plus vite ces tête-à-tête intimes ? C’est dans ces entretiens que les cœurs se rapprochent, que les âmes se voient. Dieu me garde de jamais violenter une conscience ! Mais comme je me réjouis quand une conscience s’ouvre d’elle-même !

Jean-Paul, d’abord la tête penchée sur la poitrine, dans une prostration complète, écoutait ces paroles, sans paraître prêter attention ; mais peu à peu, il leva les yeux comme vers une lumière nouvelle. Son visage contracté commença à se détendre, tandis que le Père continuait à parler. Profitant d’une pause, il hasarda un timide : « Je voudrais… »

— Vous voudriez, continua le directeur, et moi, je le désire ardemment, non pas pour moi, mais pour vous, tout pour vous. De tempérament, vous êtes ardent, généreux ; mais vous ne savez pas canaliser vos forces. Il importe qu’on vous avertisse, qu’on vous ramène dans le droit chemin, tant que vous n’aurez pas pris de solides habitudes.

— Dites-moi ce qu’il me faudrait faire.

— D’abord cesser de vous enfermer dans le secret, qui vous ronge encore plus que vos passions.