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D’AUTRES AMOURS

Aussitôt Jean-Paul remit son pardessus dans sa case et partit à la recherche de son petit ami. Il fallait dissiper ce malentendu. Si ses confrères avaient fait une sottise, lui n’en était pas responsable. Mais en vain tenta-t-il d’aborder René, de lui expliquer… Inutiles efforts ! L’autre se sauvait et répétait : « Lâche-moi, je te dis ; je ne veux plus que tu me parles. »

Ce soir-là, Jean-Paul monta au dortoir le cœur plus lourd qu’à la Sainte-Cécile. Il se coucha, un peu fatigué de la fête, mais surtout de ce malencontreux incident. Le dortoir s’endormit sans tarder. À peine les maîtres avaient-ils éteint les lampes, qu’on n’entendait plus que le chant paisible et lourd des poitrines qui se soulèvent en mesure dans le sommeil.

Jean-Paul, lui, ne dort pas. Renfrogné dans ses couvertures, se cachant de la lueur indiscrète que projette sur son lit la veilleuse enveloppée d’un abat-jour, il rumine toutes les circonstances de sa dernière aventure. Vraiment, il est surpris lui-même de l’émotion qui l’étreint. Il n’aurait jamais cru qu’il l’aimait tant, ce cher René. Plus il y pense, plus la souffrance s’augmente. Que voulez-vous ? un cœur peut être petit, mais quand il est plein, il est plein ; et quand il est trop plein, il éclate. Le cœur de Jean-Paul était trop plein. Une certaine honte l’empêchait de s’ouvrir à qui que ce soit de ce chagrin intime. La perspective d’une moquerie, d’un sourire, rendait impossible toute confidence. Pas plus que les