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D’AUTRES AMOURS

même a-t-elle inventé la recette. À cette époque, la Louisiane était aussi colonie française, et ce pays tropical fournissait du sucre de canne à la Nouvelle-France. Avec le résidu du raffinage, on produisait la mélasse et on cuisait de la « tire ». Les petites sauvagesses, paraît-il, appréciaient fort ce mets. Je crois cependant, ajoute le Père, que ce goût ne fut pas l’apanage exclusif des Indiens.

— Vive Marguerite Bourgeoys ! cria Jean-Paul, du bout de la table.

Vive Marguerite Bourgeoys ! répéta d’une seule voix la petite assemblée.

Les autres groupes, interloqués, regardaient, et se demandaient quel rôle la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame pouvait jouer en cette affaire.

Tout à coup un vacarme infernal attire l’attention. Qu’est-ce donc ? Ah ! oui, ce sont les finissants qui exécutent leur mascarade d’usage. Cette année, ils ont voulu revivre quelques instants de leur tendre enfance. Où ont-ils pris cela ? Voyez-les : l’un porte une bavette de bébé, un autre un bonnet de baptême, un troisième a une « suce » et un biberon. À l’arrière, un orchestre exécute un charivari à rompre tous les tympans : sifflets, plats à vaisselle, violons du magasin 5-10-15, etc. Les petits surtout sont épatés, et tous ressentent une extrême hâte d’être finissants pour accomplir un pareil geste glorieux.