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L’ABANDON DU COEUR

serait bientôt sa fête. Elle aurait dix-huit ans le douze octobre. Jean-Paul comprit que ce jour ne pouvait passer inaperçu. Selon l’usage, il consulta Gaston sur ce qu’il conviendrait d’envoyer. Le choix s’imposait d’une jolie boîte de chocolats. Avec son conseiller, il se rendit donc chez le Grec et acheta ce qu’il trouva de mieux : bonbons de première qualité soigneusement rangés dans une boîte toute en images et ceinturée d’un luxueux ruban rouge. Il y glissa sa carte avec une petite phrase en style galant. Le tout fut confié à Gaston qui l’expédierait à l’adresse connue.

Jean-Paul comptait justement sur un prompt accusé de réception et surtout sur des remerciements chaleureux. Chose étrange, cette fois, la belle Cécile fit attendre sa réponse. Impatient, il lui vint l’idée de s’informer si le cadeau était parvenu à destination. Toutefois, humilié du retard dont il était victime, il n’osa en dire mot à personne. Il porta lui-même sa lettre à la poste.

Le mardi suivant, il alla avec Gaston faire une visite à leur commun ami Jobin, retenu dans sa famille par une indisposition. Oh ! rien de grave. Jobin avait cette habitude : tous les automnes, quand il se trouvait encombré de récapitulations à reprendre, il faisait une légère maladie et passait une quinzaine chez lui ; ce qui lui permettait d’apitoyer les professeurs sur son sort malheureux, et d’obtenir ainsi des dispenses avantageuses.