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JEAN-PAUL

D’abord, on s’entraîne un peu pour se faire le bras. Quelques balles passent rapides et légères d’un but à l’autre. Tout à coup, au centre, derrière le lanceur, l’arbitre, toujours Barrette, parce que c’est l’homme impartial, annonce d’une voix claironnante : « Au jeu ! » Les joueurs du champ se placent, un peu courbés, les mains sur les genoux, le visage tendu, l’œil fixe ; ils n’ont plus qu’une idée, une ambition, un rêve : garder le poste, ne laisser passer aucune balle. Jean-Paul se redresse, conscient de sa responsabilité, et désireux de ne pas frustrer la confiance qu’ont mise en lui ses camarades. Il sait qu’en fin de compte, c’est lui qui mène la partie. Il piaffe du pied gauche, s’assure un bon appui. Pendant ce temps, il fait des signes de tête : « non, oui. » C’est pour s’entendre avec son receveur et régler le genre de courbe qui convient. Alors, après un moment d’attente, il décrit un grand cercle de sa main droite, et, ramassant toutes ses forces dans un élan méthodique, il lance la première balle. La lutte est engagée.

En vérité, les deux premières manches furent sans beaucoup d’intérêt. Pas un point de compté. Mais, à la troisième manche, il y eut un certain réveil. L’enthousiasme avait subitement éclaté chez les spectateurs qui commencèrent à crier et à chanter. Lorsque Jean-Paul reprit son poste de lanceur, tous les yeux se braquèrent sur lui.

Aussitôt il se « plante » et lance une balle que le frappeur essaie en vain d’arrêter.