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JEAN-PAUL

te faire parler sur le compte des autres, te « pomper ». Avec ça, tu passeras pour un « porte-panier », et tu te feras haïr des camarades.

— Le Père Prédicateur, à la retraite, nous a pourtant conseillé cette méthode de progrès spirituel. Tu te rappelles, à ses yeux il n’y a qu’une chose qui compte : les convictions personnelles.

— Il faut en avoir, c’est sûr. Mais des convictions personnelles, c’est le cas de le dire, ça ne se prend pas chez les autres. Se conduire par soi-même, être capable de régler ses affaires tout seul, voilà l’idéal que chacun doit poursuivre.

— Pour y parvenir, peut-être faut-il l’apprendre ?

— On l’apprend par l’expérience. Va te brûler les doigts quelque part, tu sauras bien ensuite ne pas te les y mettre.

— Moi, soupire Jean-Paul, j’ai besoin de quelqu’un à mes côtés qui m’encourage, me relève et me soutienne.

— Ami, interrompt Gaston, en lui mettant la main sur l’épaule, ne suis-je pas là ? Et puis, je vais te dire ma pensée d’un mot : cette direction spirituelle, ça ne sert qu’à faire des moines. Veux-tu faire un moine ? Non. Eh bien ! garde-toi d’y aller.

— Je pense toujours à la médecine, comme tu y penses toi-même ; mais où que j’aille, je voudrais être un honnête homme.