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LA RENTRÉE

disparaît presque sous les cheveux roux qui lui tombent sur le nez. Assez haut de taille, mais fluet et maigre comme une arête, il s’en va, la marche hésitante, les mains nerveuses ; on dirait toujours qu’il cherche quelqu’un. Aujourd’hui, il semble plein de secrets, il parle à l’oreille, fait maintes confidences. C’est Robert Jobin, paresseux de son métier. Les malins affirment que s’il se donnait autant de mal pour accomplir sa besogne qu’il s’en donne pour ne pas l’accomplir, il réussirait convenablement.

Sa constitution maladive lui fournit nombre d’excuses : « Mon Père, dit-il, d’un ton qui attire la pitié, ce matin, j’ai été indisposé et je n’ai pas pu apprendre mes leçons. » Un autre jour, il arrive avec un pansement au pouce de la main droite : « Vous voyez, mon Père, je ne peux pas écrire et je n’ai pu faire mes devoirs. » Aux examens, il « copiera ». Mais voici : en Belles-Lettres, il portait encore la culotte et pouvait s’écrire bien des notes d’histoire sur la cuisse. Relevant discrètement sa jambe de culotte, il retrouvait, à l’occasion, des renseignements utiles. Malheureusement, cette année, il est en pantalons. Alors, gare à ses manchettes de chemise et même à ses mouchoirs ! Sa mère a été plus d’une fois stupéfaite de trouver le nom de Ramsès, d’Épaminondas ou de quelque autre personnage antique, écrit sur ses vêtements.