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JEAN-PAUL

billards, partout, des ballots de bouquins s’étalent : vieilles grammaires latines toutes tachées d’encre, manuels grecs, auteurs français, etc., etc. Il faut voir les marchands d’occasion faire l’article. Pauvres nouveaux, qu’ils s’en font passer ! « Tiens, dit quelque philosophe à un élémentaire latin, prends ce livre dont tu as besoin, cette année. Parce que je te connais, je te l’abandonne à cinquante sous. C’est un bon marché ! » Il est vrai qu’au magasin, le livre, tout neuf, se vend parfois moins cher… Que le petit bonhomme vienne réclamer, notre philosophe lui répondra : « Oui, mais regarde, tu as des notes dedans, ça vaut quelque chose, je pense. » Et le commerce continue.

Jean-Paul, lui, n’est pas commerçant. Il a confié ses livres à son ami Gaston qui les lui vendra bon prix. Car Gervais, c’est un homme d’affaires. Il s’est installé à la plus belle place ; on le voit, arrêtant tout le monde, faisant valoir sa marchandise. D’ailleurs il connaît l’art des combinaisons profitables : chaque année, il a quelque chose à mettre en loterie. Cette fois, c’est un stylo.

Si Jean-Paul n’aime pas la brocante, il s’amuse fort du spectacle pittoresque qu’offre cette foire originale. Posté au bon endroit pour observer, il regarde et sourit.

Devant lui passe et repasse un certain grand rouge, au minois de fouine, et dont le visage mince