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LA RENTRÉE

longue, parce que son ami Gaston ne rentrera que par le train du soir. Il attend.

Vers cinq heures et trente, voici que la cloche du Collège s’ébranle. Lentement elle va tinter ainsi à coups espacés, durant cinq minutes. C’est le « glas des vacances », comme disent les élèves. Qui devinera ce qui se passe dans les jeunes cœurs qu’elle appelle au devoir, pendant cette sonnerie grave et mélancolique ? D’aucuns maugréent contre cette pauvre cloche innocente, et profèrent même à son adresse de violentes invectives : « Ah ! c’est encore toi, malheureux grelot, qui viens mettre fin à notre liberté ! Prends garde !… Ton petit battant prétentieux, ton bronze criard et pédant, ta longue queue et le bedeau qui tire après, tout cela ne nous fait pas peur ! » Mais en prononçant ces imprécations, ils prennent docilement le chemin du Séminaire.

Enfin, pour Jean-Paul, le train du soir arriva. Gaston entra triomphalement, portant une raquette de tennis à la main, et un kodak en bandoulière. Assez court, mais fort d’épaules, il a la tête carrée, le nez plat et la chevelure plutôt mince. Sa voix forte et son allure ouverte le font vite remarquer, quand il est quelque part. On sent chez lui une parfaite assurance et un sans-gêne qui gêne parfois les autres.

Dans le vestibule, bien qu’il y eût une centaine d’écoliers, on n’entendait que Gaston. Il était déjà en train de conter ses prouesses de vacances, lorsque Jean-Paul, impatient, déboucha par le