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JEAN-PAUL

Malgré sa tenue un peu sévère, il ne gênait personne, et les paroissiens se sentaient chez eux quand ils pénétraient au presbytère.

La visiteuse entra dans le petit bureau à droite, s’assit, reprit haleine et déclara le but de sa démarche. En peu de mots, elle récapitula les événements depuis le début des vacances, mais elle insista sur sa profonde désolation et son embarras extrême.

— Oui, oui, je comprends, madame, repartit monsieur le Curé, c’est difficile à élever, des garçons !

— Et pourtant, nous n’avons pas eu de misère avec notre Edmond. Il a eu dix-sept ans, lui aussi, et jamais il ne nous a causé de pareils ennuis.

— Ah ! mais c’est différent, ces jeunes messieurs qu’on fait instruire ! Voyez-vous, quand on garde un jeune homme à la maison, qu’il vit toujours avec ses parents, il n’a d’autres ambitions que les leurs ; alors il a confiance en eux. Un enfant qui va au collège s’instruit, ce qui ne va pas sans quelque danger d’orgueil ; et pour savoir quelques mots de latin, quelques bribes de littérature, il en vient vite à croire que ses parents, surtout quand ces derniers n’ont pas fait d’études, ne peuvent plus lui fournir de sages directions. Et puis, il faut en convenir, la culture littéraire développe comme de juste les facultés sensibles : voilà