Page:Farley - Jean-Paul, 1929.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
PREMIÈRE BLESSURE

Sur la fin de l’après-midi, madame Forest dit à sa bru :

— Si vous voulez m’aider, nous allons préparer une bonne collation à nos hommes qui ne souperont pas avant la brunante.

Et les deux femmes s’en allèrent à la laiterie où elles commencèrent à faire de grandes tartines de crème qu’elles saupoudraient de sucre d’érable. Dans un panier tapissé d’une large serviette de toile du pays sentant le net, elles étendaient les tartines qui se couchaient comme de menus coussins de velours blanc, émaillés de paillettes d’or. Ensuite, tirant du lait frais conservé dans un bidon qui pendait au fond du puits, à fleur d’eau, elles en emplirent une cruche de grès. Heureuse et contente, Angéline se chargea de porter l’agréable surprise.

Edmond, voyant venir sa femme avec un panier, devina tout de suite le charmant tour qu’elle venait leur jouer. Arrêtant ses chevaux à l’ombre, il alla au-devant d’elle, s’empara du panier, et, agitant en l’air son chapeau de paille, il appela tout le monde sous un gros érable, le long de la clôture. Les invités ne tardèrent pas, excepté Jean-Paul qui paraissait n’avoir pas entendu.

— Jacques, va lui dire, ordonna Edmond.

Jacques, léger comme un oiseau, prit son vol, atteignit bientôt son frère et transmit la joyeuse nouvelle.