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JEAN-PAUL

bien ! je l’ai lue pour toi. Écoute : « Mes chers enfants, gardez votre cœur, gardez-le contre les relations qui, si elles ne sont pas mauvaises, peuvent être dangereuses, à votre âge. Quand il s’agit de certaines vertus que nous portons, comme dit l’Apôtre, dans un vase fragile, il n’y a pas d’hommes forts, il n’y a que des hommes prudents. »

Renfrogné et nerveux, Jean-Paul écoutait en torturant la calotte de son chapeau.

— As-tu compris ? continua sa mère.

— Je ne comprends rien. Qu’est-ce que ça peut bien faire que je m’amuse avec cette demoiselle très distinguée ?

— Ça fait toujours cela que, depuis ton arrivée, nous t’avons à peine vu dans la maison.

— Voulez-vous que je m’enferme dans la cuisine ou dans ma chambre ?

— Pas du tout. Mais de ce temps-ci, ne crois-tu pas qu’il y aurait autre chose à faire que des parties de pêche avec les demoiselles ? Les foins sont commencés, tout le monde travaille, même tes petits frères ; et toi, tu t’amuses.

— Je n’aime pas ça, la terre.

— Nous ne t’obligeons pas à te faire cultivateur ; nous te demandons simplement de nous aider un peu à gagner tes années de collège.