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JEAN-PAUL

du chemin qui conduit à la villa « Mon Bonheur », où résidait madame Plourde. Vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise légère, il s’en venait, son chandail sur le bras gauche, et balançant de l’autre main un large chapeau de toile crème. Le long des hauts peupliers qui flambaient au grand soleil, il marchait d’un pas léger, les cheveux au vent.

Sa bonne maman fut émue de le voir si beau et si gai. Elle l’aimait bien, ce cher gars ! « Il le faut », fit-elle en elle-même. Et promptement elle ajusta quelques idées en son cerveau. Jean-Paul entrait sur le terrain. « Quel bel après-midi ! » cria-t-il en franchissant la barrière. Et tout droit il alla vers sa mère. Étendant son chandail en manière de coussin sur la marche supérieure du perron, il s’assit et coiffa ses genoux relevés de son grand chapeau. Avec enthousiasme, il se mit à conter une incomparable partie de pêche où d’ailleurs il n’avait rien pris. C’était la faute à la demoiselle qui parlait tout le temps.

— Vous savez, maman : les poissons sont muets, mais ils ne sont pas sourds.

Madame Forest n’écoutait pas. Jean-Paul n’alla pas moins au bout de son récit, en y mettant un vrai luxe de détails. Enfin sa mère, qui en elle-même commençait à s’impatienter, put prendre la parole :

— Mon cher Jean, j’ai bien peur que ces courses-là ne te soient pas en tous points pro-