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JEAN-PAUL

n’omettant rien sur la prise du fameux maskinongé. La dame enverrait d’ailleurs, le lendemain, un échantillon à la famille Forest, et l’on verrait l’importance de cette pêche. Toutefois, il fut plutôt bref sur le lunch au chalet.

Après le repas, Jean-Paul alla s’asseoir sous les grands saules, dans la balançoire, et Rosette lui apporta le courrier : une brochure dans une enveloppe portant le sceau du Séminaire de Saint-Irénée, et une lettre de Montréal.

— Gaston ! s’écria-t-il, reconnaissant la grosse écriture évasée de son ami. Une lettre de Gaston !

D’un geste nerveux, il l’ouvrit et lut.


Montréal, 1er juillet 19**

Mon cher Ti-Jean-P.,

Tu t’attendais sans doute à ce que je te couche sur le papier un compte rendu de notre veillée chez Jobin. Ah ! que je regrette ton absence ! Je t’avais dit à la gare : un petit bal à l’huile, ajoute : pas piqué des vers. Notre savant professeur de Rhéto, — car nous sommes désormais en Rhéto, — trouverait peut-être en encre rouge mes images incohérentes ; toi, tu ne seras pas si sévère, même avec ton premier prix de composition. N’importe ! je n’ai qu’une chose à te dire : nous avons eu un plaisir fou.

D’abord un banquet très convenable qui valait le meilleur chiard du Collège. Et puis, entre nous, c’était servi par mademoiselle Antoinette en robe rose. Hum ! je m’en lèche encore les babines. Et la veillée donc !