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JEAN-PAUL

— Ah ! monsieur, laissez-le, nous avons trop peur, supplièrent les dames.

— Ce n’est pas mon habitude d’abandonner ma proie quand je la tiens, répliqua Jean-Paul. Avançons vers la grève en le remorquant, nous pourrons le glisser sur le sable.

Aussitôt ils se dirigèrent vers le rivage, du côté où précisément apparaissait la villa de la jeune fille. La conversation ne fut pas très vivante, le long du trajet. Cependant Jean-Paul apprit que sa jolie compagne s’appelait Cécile Plourde, qu’elle habitait Montréal et passait ses vacances à Saint-Raphaël, avec sa tante que voilà et sa mère qui les recevrait à la maison.

En abordant, la demoiselle sauta vite et s’enfuit, tout en protestant qu’elle n’avait pas peur. Jacques amarra les chaloupes et Jean-Paul consomma sa victoire. Le maskinongé se laissa tirer sur le bord du lac. On lui passa une branche dans la gorge, et triomphalement on le porta à la maison. Cécile, redevenue brave, annonça de loin à sa mère le succès de sa pêche.

Sans doute, il fallut faire une part de gloire au gentil monsieur qui avait prêté son concours. Madame Plourde le félicita et le remercia. « Vous avez bien mérité, dit-elle, de prendre un verre de cidre avec nous. » Tous s’installèrent sous la véranda, entourée d’une toile métallique, et l’on servit de la crème à la glace avec des liqueurs douces.