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JEAN-PAUL

que de l’envoyer traire les vaches. Il aimait mieux ses livres, non pas de classe, mais de lecture. Tout de même il s’ennuyait.

Un jeudi après-midi, quand le soleil reluisait sur la surface moirée du lac toujours calme, Jean-Paul eut l’idée d’un tour de chaloupe. Il appela Jacques :

— Petit frère, veux-tu venir avec moi ? Nous irons faire une partie de pêche. Demain vendredi. Toute la famille mangera du poisson frais en notre honneur.

Jacques acquiesça et même se chargea de piocher des vers, d’appareiller les agrès, d’apporter les rames et de démarrer le canot. Jean-Paul descendit à la grève, en chemise blanche, les manches relevées à la façon de ses amis de ville. Il s’assit à l’arrière, muni d’un aviron : « Pousse vers la Pointe-aux-Pins », commanda-t-il à son rameur. Lentement, à travers la lumière éclatante qui flottait sur le miroir de l’eau, leur petite embarcation glissa.

Tout près d’eux, passa une autre chaloupe portant une jeune demoiselle et une dame plus âgée. Ils saluèrent. Un peu plus loin, Jean-Paul fit signe d’arrêter : « Voilà une bonne place, je pense. Tentons fortune ici. Donne les lignes. Nous allons inviter mesdemoiselles les truites à venir manger quelques vers à nos hameçons. Attention, mes belles ! Tant pis pour vous si