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JEAN-PAUL

la paroisse qui finissait son cours et sur tel autre qui commençait. Jean-Paul répondait assez distraitement, car Rosette dansait sur ses genoux. Peu intéressée à la conversation de sa mère, elle l’interrompait à tout moment.

— Rosette, Rosette, laisse donc Jean-Paul tranquille, réclama madame Forest. Tiens ! ôte-toi de sur lui.

Rosette obéit, mais ne se tint pas pour battue. En se levant, elle tira Jean-Paul par la main :

— Viens voir nos belles fleurs. Il y en a que j’ai plantées moi-même. Viens, je vais te donner un beau bouquet pour mettre à ta boutonnière.

En effet, de chaque côté des marches du perron, émergeaient deux tertres en forme d’étoile, ourlés d’un chapelet de gros cailloux blanchis à la chaux. Géraniums, œillets, cœurs-saignants, pensées, et même quelques capucines, étalaient leurs couleurs et leurs parfums. Rosette, de ses petits doigts de fée, détacha quelques pensées aux feuilles de velours mauve, les arrangea comme il convient, et les fixa sur le revers d’habit de Jean-Paul : « Regarde le beau papillon qui s’est posé sur toi, » cria-t-elle en frappant des mains. Jean-Paul la saisit par les épaules et l’embrassa : « C’est toi la plus belle rose du parterre, ma Rosette ! »

Pendant cette scène, madame Forest contemplait son cher gars avec une fierté que seules connaissent les mères. Elle le voyait svelte et pim-