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JEAN-PAUL

son œuvre ; mais aussi l’absence, la séparation définitive assombrissait son cœur. Malgré soi, on s’attache si profondément à ces petites âmes qui se donnent avec confiance. Il resta là, rêveur, les yeux perdus dans le vague, pendant qu’il tenait toujours la lettre. Puis il se mit à la relire, cherchant quelque chose qu’il ne pouvait découvrir. Non, il ne trouvait rien. Pas un mot de tendre souvenir directement adressé à sa personne, pas un mot de reconnaissance pour lui-même qui s’était tant dévoué ! Alors ce fut une impression d’abattement, de lassitude, comme un vertige déprimant et douloureux. Mais aussitôt il se ressaisit : « Non, non, se dit-il, non, c’est juste ! J’ai voulu donner cette âme à Dieu. Elle lui appartient ; je n’ai rien à réclamer. »

Il en était à ces réflexions quand la cloche sonna la montée à la chapelle. Elle sonna comme un clairon sonne. C’était l’appel. Vite, repoussant ses lettres, le Père Beauchamp partit d’un pas rapide. Les élèves défilaient. Il passa à travers les rangs ; et, arrivé au prie-Dieu de son confessionnal, il tomba à genoux… pour recommencer.


FIN