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JEAN-PAUL

inéluctable. Devant lui passait le mirage de cette vie heureuse et glorieuse à laquelle il avait si souvent rêvé. Il relut son journal afin d’y retrouver « toute son âme ». Mais cette âme avait vieilli, peut-être même avait-elle changé. Rien comme la mort n’est capable d’éclairer la vie !

Il voulut encore se confier à son directeur spirituel. À la saison du printemps, à la veille des vacances, quand les élèves semblent se détacher peu à peu de leurs maîtres, lui s’en approchait davantage. Il n’osait pas résoudre seul un si grave problème. Il aurait désiré une décision catégorique du Père Beauchamp. Son directeur se contentait de l’aider à réfléchir. Et quand Jean-Paul le pressait avec trop d’insistance, le Père répondait : « C’est vous qui devez choisir votre carrière, parce que c’est vous qui allez la remplir. » À la fin cependant, il parut retrouver le calme. Il fit une neuvaine au Saint-Esprit avant la Pentecôte. Le jour même de la fête, il régla sa vie, mais tout demeura dans un profond secret. Un seul élève apprit sa décision, ce fut Roland Barrette.

Malgré la discrétion des finissants, on connaissait néanmoins le choix de plusieurs. La moitié à peu près irait dans le clergé séculier ou régulier, un certain nombre embrasserait les professions libérales. Quelques-uns avaient découvert l’École des Hautes-Études et l’École polytechnique ; ils vantaient l’importance des carrières écono-