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JEAN-PAUL

Et après avoir fait le signe de la croix et béni la table, le Père Fontaine lança le mot : « Attaquons » !

Quelle attaque ! Barrette se tenait au centre, armé d’une louche. Il tirait de l’immense pot des pelletées de fèves d’or, ornées de diamants, car le lard brillait comme une pierre précieuse sertie dans un ample chaton. Un flacon rouge, renfermant l’obligatoire salade de tomate, circulait et mettait une toque royale à chaque assiette. La gaieté assaisonna le dîner plus encore que la salade. D’un bout à l’autre de la table, on se lançait des mots d’esprit avant de se lancer des pelures de bananes…

Jean-Paul, un sac de papier sur la tête, était assis sur une boîte et au centre du tapage. Quand son voisin lui présenta des radis encore tout jeunes, une primeur, il s’exclama : « Ah ! ils sont bien petits ces radis-là, il doit en falloir beaucoup pour en faire une douzaine ! » Se levant soudain, il interpella les camarades de l’autre bout : « Pas tant de bruit là-bas, on ne s’entend pas manger, ici ! »

Et puis les crêpes ! Ah ! les crêpes avec du sirop d’érable ! Connaissez-vous quelque chose de meilleur, surtout quand on les apporte dans la poêle, frétillantes, avec une belle dentelle autour ? Il est possible que d’aucuns en aient trop mangé… Mais que voulez-vous ? En pique-nique comme en pique-nique ! Et puis qu’on le sache