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JEAN-PAUL

voilà des qualités qui permettent de faire le bien ! Mais encore faut-il s’exercer à le faire. De là la nécessité de se connaître, de se réunir, de savoir peser ensemble ses ressources et ses moyens.

— Tout de même, au collège, l’action sociale qui nous est permise demeure assez restreinte.

— C’est encore surprenant, quand on y regarde de près. Et puis, vois-tu, le Cercle, selon le mot du Père Aumônier, c’est « une fenêtre ouverte sur le monde. »

Roland, qui venait de lire une brochure sur l’A. C. J. C. par un Père Jésuite, se lança dans une belle dissertation sur les périls de l’âme canadienne. Dans un discours un peu essoufflé, à cause du grand vent, il parlait sans tarir, agitant ses bras dans l’atmosphère lumineuse, comme s’il eût voulu embrasser toute la patrie, la patrie en robe blanche que des fils dénaturés veulent ternir. Fort de sa récente documentation, il pérorait sur les dangers qui menacent la religion et la race. Il dénonçait avec véhémence ces hommes qui tentent « d’émanciper » notre peuple à leurs yeux trop catholique, qui préparent la mainmise de l’État sur l’enseignement, qui répandent les principes pervers issus de la Révolution, qui s’évertuent à prouver que « notre retard » dans le progrès matériel provient de ce que nous acceptons trop aveuglément les directions de l’Église. « Nous devons nous défendre, ajoutait-il, et pour cela, il faut