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JEAN-PAUL

quelques glissades, au risque de s’enneiger le museau. Charette, qui s’était permis de taquiner un peu plus souvent qu’à son tour, le long de la route, reçut son châtiment. Deux compagnons l’empoignèrent, et lui enfoncèrent la tête dans un banc de neige. Pour qu’il ne perdît rien de son profit, on avait eu soin de lui enlever sa « tuque ». Bonin et Dubeau le frictionnèrent d’importance. Il se releva un peu penaud, soutenant qu’on ne l’avait guère touché ; tout de même il ne réclama pas son reste.

« Abeamus », cria le maître. Et l’escouade se remit en route pour le retour. Naturellement, les jambes étaient un peu lasses, et la course fut moins alerte. Barrette, qui avait conduit l’expédition, quitta son poste d’honneur et se contenta de l’arrière-garde. Il avait d’ailleurs son idée. Sans retard, il accosta Jean-Paul, désireux d’avoir une conversation avec lui :

— Ah ! ça fait du bien une promenade de ce genre ! Tu vas voir, ce soir, si on va en avaler des thèses de philosophie.

— Moi, fit Jean-Paul, j’aurai peut-être la main gourde pour écrire ma version.

— La version, on travaille ça dans sa tête. Mais j’y pense, j’aurai, moi aussi, de l’écriture à faire : je dois rédiger mon programme du Cercle Saint-Michel, pour le second semestre.