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TOUTE SON ÂME

nous le sentiment de la race, de cette race qui n’a pas assez de fils pour la défendre, parce que le mal éteint le courage de ses enfants ; de cette race qui s’affaiblit, faute d’hommes vraiment vertueux qui la soutiennent. Oh ! je sentais passer en moi comme un grand frisson de fierté ; un souffle chaud m’enveloppait ; j’avais envie de me lever et de crier à tous : « Moi, je la sauverai cette race ! J’en suis sûr, elle ne périra pas, cette race aimée ; nous serons de vrais chrétiens et nous la garderons. Moi, je saurai mettre à sa disposition toute mon énergie ; je serai pur ; je serai noble ; je serai grand ; je l’aimerai ; je la défendrai à la place des lâches et contre les lâches. » Pour cela, je veux préserver mon âme de toute souillure, je veux conserver mon intelligence intacte, ma volonté forte, afin d’être un brave. Je suis résolu plus que jamais à faire mon devoir. Je veux être un homme, je le serai ; je veux vaincre mes défauts, je les vaincrai. Je veux faire du bien, réaliser le grand idéal qui me tourmente.

Sans doute celui qui me lirait rirait bien de moi, comme le firent les compagnons du jeune Kléber, lorsqu’il répondait à l’évêque lui demandant ce qu’il serait une fois devenu grand : « Moi, je serai maréchal de France. » — Eh bien ! à mon tour, je dis : j’arriverai à la gloire ; je serai utile à mon pays. Il y a en moi une sève juvénile qui met dans tous mes actes un irrésistible enthousiasme. L’angoisse peut m’effleurer, elle ne m’abattra pas. Plus il y aura d’obstacles, plus je serai fort. C’est dans le danger qu’on mesure son courage.

QUINZE OCTOBRE. — Étude de quatre heures et trente. — Impossible de travailler ce soir. Je