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JEAN-PAUL

faites, ne sont point le fruit de la méchanceté : je n’y pense pas ; ça m’échappe, ça me tire là où je ne veux pas aller. Oh ! non, mon Jésus, ne me laissez pas glisser vers le mal, vers ce qui m’humilie, me fait honte, vers ce que j’abhorre. Emportez-moi vers vous, vers votre ciel d’azur. Je veux me relever, je veux marcher droit, je ne suis pas un lâche, je saurai bien vaincre mes défauts et redresser mes mauvais penchants. J’ai de la volonté, et je veux m’en servir. Je le veux, je le veux ! Puisqu’il en est temps encore, puisqu’il est possible de rebrousser chemin, je veux le faire au prix de n’importe quel sacrifice ; car si je ne sais contenir mes passions, adieu idéal, adieu santé, adieu nobles aspirations ! Je veux vivre, je veux le bonheur. Ô mon Dieu, vous que j’offense si souvent, laissez-moi ma santé, laissez-moi ma vie ! Pardon, pardon, pour toutes mes ingratitudes, pour tous mes péchés ! Je vous aime, mais vous le voyez, je suis faible. Eh bien ! je vous tends les bras, soutenez-moi.

Et vous, ma tendre mère que j’ai tant chagrinée au cours des dernières vacances, je vous demande pardon, à vous aussi. Mon espérance grandit en songeant que là-bas, dans le cher chez nous dont la seule pensée m’attendrit, vous priez pour votre enfant. Que je voudrais être un saint comme vous !

ONZE SEPTEMBRE. — La retraite vient de finir. Le prédicateur nous a quittés, mais je garde en moi-même des échos de sa parole éloquente et persuasive. Que de bons désirs il a fait naître en mon cœur, quand il dévoilait toutes les ruines physiques et morales qu’accumule le vice sur la terre, ou encore lorsqu’il remuait en