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JEAN-PAUL

blaient des enfantillages. Un autre idéal surgissait en son cœur, pendant que toujours résonnait auprès de lui le même refrain :


Autour de toi, que la nuit soit plus pure !
Jésus enfant, que le vent soit plus doux !


En Belles-Lettres, il avait eu une forte crise de sensibilité. Il avait lu « René » de Chateaubriand, et ce héros lui avait paru une fidèle incarnation de son âme endolorie. Le sentiment était alors, selon lui, la suprême puissance. Aussi s’y livrait-il avec un complet abandon. Épris des poètes, il avait savouré Lamartine, Musset, Victor Hugo. Il faisait des vers avec une espèce de rage.

Et puis, vinrent les vacances et les aventures que l’on sait. À travers tant de souvenirs à la fois captivants et mélancoliques, la silhouette de sa mère se dessina, inquiète et douloureuse. Ce tableau acheva de le briser. Il s’enfonça la tête entre les deux mains et pleura silencieusement. Enfin le dernier refrain du cantique le ramena à lui-même, avec le réconfort d’un souhait :


Autour de toi, que la nuit soit plus pure !
Jésus enfant, que le vent soit plus doux !


Alors relevant les yeux, il regarda l’autel et se mit à prier avec sa ferveur d’autrefois.

Après la messe, les élèves montèrent au dortoir où l’on permettait de prendre le réveillon,