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LA NUIT PURE DE NOËL

pourtant si joyeux de commencer son cours classique. Il se rappelait sa grande confiance envers ses maîtres. Tant de « Monsieur le Curé » autour de lui ! Comme ce serait facile d’être bon, d’être saint, et plus tard d’être, lui aussi, un prêtre qui dirait la messe ! Chaque jour alors, il communiait ; il priait pour sa mère, pour son père décédé ; il tâchait de devenir meilleur. Et pendant que ces souvenirs remuaient le fond de son âme, un doux refrain de cantique résonnait dans la voûte :


Autour de toi, que la nuit soit plus pure !
Jésus enfant, que le vent soit plus doux !


Comment se fait-il donc que, dans la suite, il soit devenu moins pieux, moins confiant, moins vertueux aussi, hélas ! En Versification, il avait connu bien des choses ; il avait fréquenté de mauvais amis. Il s’était imaginé que, pour être un homme ou du moins le paraître, il fallait se montrer indépendant, hautain et fanfaron. À la fin, tout lui pesait:la discipline devenait une tyrannie, et les maîtres des despotes. Extérieurement il s’était contenté de se tenir sur la réserve, de s’éloigner des professeurs qui cherchaient à exercer sur lui une influence, à ses yeux indiscrète et oppressive. En lui-même, il sentait la révolte gronder; il avait une folle envie de renverser toutes les barrières, de se libérer de ce réseau de règlements, de prescriptions et de défenses, qui embarrassaient à tout instant sa liberté. Mais voilà que maintenant de tels désirs lui sem-