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JEAN-PAUL

dans son existence. Suivant le texte sacré, il entendait comme une confidence de Dieu, comme un appel et comme une promesse. Il chanta le « Sanctus », les mains jointes et les yeux fermés. À « l’Agnus Dei », sur l’air : « Dans cette étable…, » le même frisson agita son cœur ; la polyphonie de la fin, qui demande la paix avec une certaine violence, lui parut encore symbolique. Il comprit que la paix est une conquête, le fruit d’un long combat.

C’est dans cet état d’exaltation religieuse qu’il descendit de la tribune de l’orgue pour la communion. La communauté entière s’approcha de la Sainte Table, heureuse de recevoir le divin Enfant qui reposait sur « la paille dorée du ciboire », selon l’expression du Père Supérieur. Jean-Paul retourna à sa place, un peu à l’arrière de la chapelle, près d’une colonne, du côté de l’Évangile. La tête religieusement inclinée, ne voyant rien de ce qui se passait autour de lui, il demeura longtemps ainsi dans un recueillement profond. La messe de l’aurore suivit la grand’messe. Le chant des vieux Noëls fut exécuté par la masse des élèves, avec l’élan particulier qu’y mettent les jeunes dans les grandes fêtes. On aurait dit une mer immense, grondant entre des rochers.

Jean-Paul, lui, ne chantait pas. Il se laissait bercer par la vague harmonieuse, pendant que son passé refluait en sa mémoire. Une rêverie lointaine se mêlait à sa prière. Il se revoyait arrivant au Collège, en Éléments latins, si timide et