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JEAN-PAUL

drapeaux et de bannières qui claquent au vent. Ou bien on imagine une danse d’esprits, une farandole d’anges aux ailes gigantesques et subtiles battant l’azur. Au fond de l’immensité sombre, les étoiles apparaissent blanches et pâles comme des hosties tombant du ciel dans tous les ciboires ouverts pour la communion de minuit.

Une attente plane sur les alentours. Au milieu du silence de l’église ou de la chapelle, on sent que bientôt les cloches vont sonner, les orgues vont jouer, des voix vont chanter. Dans tous les cœurs, revient un écho d’un cantique souvent répété pendant l’Avent : « Rorate cœli desuper. » Chacun rêve à Bethléem, aux bergers dans la prairie…

Au Séminaire, dans une courte lecture spirituelle, le Père Supérieur a rappelé les souvenirs évangéliques, la naissance de Jésus et la joie des pâtres agenouillés dans l’étable. « Et pourtant, ajoutait-il, si nous y songions, nous comprendrions que notre bonheur n’est pas moindre. Notre chapelle, n’est-ce pas Bethléem où Jésus habite ? Le tabernacle, n’est-ce pas l’étable qui lui sert d’asile ? Le ciboire, n’est-ce pas la paille dorée de la crèche où il dort ? Noël ! mais c’est Noël, chaque fois que se dit la messe, chaque fois que Dieu descend sur la terre, s’enveloppant dans les langes purs de la blanche hostie. Les cloches de Noël, c’est la voix des anges qui appellent les bergers pour rendre hommage à Jésus qui va naître de nouveau sur l’autel. Vous répondrez tous à cet