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LA SORTIE

sonnait. Alors, le long des fenêtres, une longue dentelle de mains blanches s’agita, des têtes se penchèrent envoyant un dernier salut : « Au revoir ! Bonnes vacances ! Viens me voir… »

Dans les couloirs du Séminaire, il ne restait plus que quelques attardés. Le vide se faisait, le vide lourd et triste des vacances. Au souper, solitude à peu près complète. Seuls quelques professeurs demeuraient encore, témoins du morne ennui qui envahissait la maison.

Vers sept heures, le Père Beauchamp et son compagnon ordinaire de sortie, le Père Fontaine, professeur de mathématiques, voulurent se consoler en faisant une promenade dans la cour. Ils traversèrent la salle de récréation en désordre : les petites cases, le long du mur, laissaient battre leurs portes et montraient ici, un parapluie oublié, là, une casquette déchirée, des ceintures de costume abandonnées, des livres en lambeaux, etc. Au centre, des amas de chaises ; du papier partout. Ils sortirent par la porte qui ouvre sur la terrasse plantée d’ormes géants, et descendirent l’escalier à droite, en face de la Tabagie, gentil pavillon vert, de forme octogonale, avec toit en mansarde surmonté d’une double lanterne. De la porte grande ouverte émanaient un relent de tabac avec l’arome de quelques cigarettes fumées