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LE DIABLE AU DORTOIR

— Ce que l’on dit à tout le monde, on risque de ne le dire à personne. Il faut atteindre nos élèves un à un, en même temps qu’on les entraîne en groupe.

— Je vous entends. Vous vous épuisez avec votre direction spirituelle. Nous verrons si en fin de compte vous aurez produit des merveilles.

— Je ne m’engage à rien, si ce n’est à faire tout mon possible. Que voulez-vous ? C’est ma conviction. On a beau nous prêcher qu’il faut nous américaniser, nous efforcer de confectionner en séries, cela peut aller pour les encriers et les porte-plumes ; mais pour les hommes, je ne le crois pas. J’ai confiance dans le groupement en vue de l’émulation, de l’éducation sociale ; mais on ne forme une personnalité qu’en agissant sur la personne.

Ils continuèrent à discuter. Le Père Beauchamp ne s’offensait point du ton un peu brusque de son vieil ami. Depuis longtemps, il connaissait à fond le cœur d’or qui battait sous cette rude écorce. Tous deux rivalisaient de bonne volonté et de dévouement. Ils différaient d’opinion sur la méthode à suivre.

Pendant cette conversation qui se prolongea, Gaston, sans saluer qui que ce soit, s’en allait prendre son train à la gare du Pacifique. La