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JEAN-PAUL

pondance arrivait à la maison avec toutes sortes de jolies formules que la maman avait quelque peine à lire tout haut, devant la famille réunie. N’importe ! la joie de se revoir fit sourire leurs âmes. Pleins de bonne humeur, tous trois partirent pour la gare du Pacifique, à dix minutes du Séminaire. On prenait le train de cinq heures. En passant, Jean-Paul ne pouvait s’empêcher de donner la main au Père Beauchamp, son confesseur. Les adieux furent courts mais pourtant sympathiques.

À la gare, le train attendait. Jean-Paul monta le premier, choisit une banquette à son goût, et s’installa près d’une fenêtre. Soudain une voix connue lui crie du dehors : « Ti-Jean ! » Son confrère de classe et ami, Gaston Gervais, venait lui dire un dernier bonjour.

— Comment ? s’exclame Jean-Paul, en l’apercevant, je te croyais parti !

— Pas si sot que tu penses ! La ville de Montréal m’attendra jusqu’à demain. Tu sais, soit dit entre nous, nous avons un petit « bal à l’huile » chez Jobin, ce soir. Si tu pouvais rester ?

— Impossible, mon cher, maman et mon frère sont venus me chercher.

Mais le train s’ébranlait. La locomotive haletante lançait ses sifflements de vapeur et la cloche