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LE CHOC

Peu à peu son cœur en révolte se pacifia, et ses yeux s’attachèrent au Christ de l’autel dont la silhouette d’argent se détachait dans la pénombre. Sans bien s’en apercevoir, il glissa à genoux. Il n’était pas venu pour parler au bon Dieu, mais le bon Dieu lui parlait. À la fin, il ne put s’empêcher de répondre par une prière de confiance. Il se releva plus fort et descendit en récréation plus vaillant.

Gaston gardait en son cœur une rancune grandissante. Plus que Jean-Paul, il ressentait l’humiliation de sa dernière dispute qui avait révélé à toute la classe ses mauvais tours et son peu de loyauté. Il n’entendait pas se résigner, et, sournoisement, il machinait sa revanche.

Une première occasion lui fut donnée de manifester ses sentiments hostiles. Le professeur d’anglais, monsieur Schreegan, excellent homme par ailleurs et plein de bonne volonté, ne savait peut-être pas parfaitement manier les jeunes. Américain de naissance et d’éducation, il ne comprenait guère la mentalité des petits Canadiens français. Un jour, le samedi après-midi, moment le plus critique de la semaine, les Rhétoriciens se montraient fort agités et fort bruyants. Le maître s’épuisait en vain à réclamer le bon ordre.