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JEAN-PAUL

ment. Il y avait dans son âme un mélange de regret et de satisfaction. Il était content d’avoir dit son fait à ce polisson de Gervais, mais il avait honte d’avoir mis au grand jour tant de choses intimes. Doué d’un cœur ardent, il ne possédait pas une âme de soldat ; et la vie militante dans laquelle il venait d’entrer lui pesait au point de l’écraser. À certaines heures, il aurait presque voulu effacer tout cela, se retrouver aux premiers jours de septembre, avec son ami Gaston qui le trompait, mais qui du moins lui laissait la vie calme.

Un soir, dégoûté de tout, il monta à la chapelle pendant la récréation. Il alla s’asseoir en face de l’autel de la Sainte-Vierge, non pas pour prier, mais uniquement pour être seul. La chapelle était muette et obscure. De grandes ombres flottaient dans la voûte et rendaient le silence encore plus profond. Au centre du sanctuaire, la lampe du Saint-Sacrement perçait l’obscurité de sa flamme scintillante comme un diamant qui brille dans une chambre noire.

Mais voilà que l’atmosphère surnaturelle qui l’entourait, commença à le saisir. Dans le fond de son esprit, lui venait la pensée que Dieu pouvait bien lui envoyer ces épreuves pour purifier son âme et lui faciliter l’expiation de ses fautes passées. Il se rappela plusieurs conseils que lui avait donnés le Père Beauchamp. Il réfléchit.