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tiques. On découvre, en quelque sorte adossés au programme qui nous assommait au collège, les commerces les plus divers, les plus inattendus : À côté d’un fabricant de toupets et de postiches, dont la présence ne se discute pas, voici un marchand d’appareils à confectionner le yogourth chez soi, un artiste en pipes et fume-cigarettes de style baroque, un magasin de sous-bras, slips, cache-sexe, hérissons japonais, jarretières et produits divers.

L’illusion de se trouver dans quelque coin de province, et particulièrement dans une station thermale, est si forte que, pendant quelques secondes, on découvre au Jardin du Palais-Royal, encombré de chapiteaux que le démolisseur est en train de jeter bas, des odeurs, un calme, une espèce de régularité chez le promeneur qui ne peuvent être que de Pougues ou d’Uriage. La bascule automatique vient encore ajouter à ce rêve…

Il faut se hâter vers le magnifique magasin d’armes de la rue de Montpensier pour retrouver la réalité. Les carabines de luxe, les couteaux à cran d’arrêt pour junkers, les brownings pour émeutiers distingués, les lames, les dagues à sanglier qui sont étalés là dans une ordonnance de musée, ne peuvent être que de Paris, ville des crimes passionnels et des coups de poignard. Vous êtes en extase devant ce déballage d’instruments de mort, et le marchand raffine encore en attirant votre regard sur des cibles, en vous apprenant que la maison se charge de la naturali-