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Français. À moins que, maîtresse excédée, elle ne conjure son amant, cuvant sa cuite sur un banc, d’aller quérir un remède « antialcoolique » chez le pharmacien du coin, On se demande combien d’architectes ont collaboré à cet ensemble réussi de palais, de colonnades, de statues, de médaillons et de frontons. Les bistrots, les selleries, les graveurs, le café Gobillot qui est tout en longueur comme un couloir d’autobus, la maison de fourrures et de bonneterie qui semble déjà réservée aux acteurs égayent sans le troubler, sans s’attaquer à la sérénité du lieu, le rez-de-chaussée de cette place.

Au fond du restaurant, quelques jeunes auteurs déjeunent et n’en finissent pas d’épiloguer sur le métier, prenant à témoin les comédiens qu’ils ont rencontrés là, s’adressant parfois aux garçons, qui connaissent le Théâtre-Français sur le bout du doigt. Quelques clients lèvent la tête pour voir, chope en main ou cigare aux lèvres, ceux qui jouent la Parisienne, Hernani, le Médecin malgré lui, le Secret, le Cid ou Andromaque.

Depuis qu’il existe, le Café de l’Univers a toujours été, de préférence aux autres, qui ne recueillent que des spectateurs, le rendez-vous des auteurs dramatiques. J’ai vu là des hommes illustres dont on ne parle plus. J’ai entendu, comme en répétition intime, des répliques fameuses que les intéressés essayaient entre eux avant que les pièces n’eussent été admises au répertoire.

Les jeunes auteurs fréquentent toujours l’Uni-