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modernes. Elle a posé pour l’opérateur d’actualités. Elle dégage dans le ciel parisien de bonnes et rassurantes odeurs de frigidaires et de postes de T. S. F., qui « prennent » Moscou ou Washington. Elle a été touchée par la masse fantastique des grands buildings-columbariums, par quelques bistrots et bureaux de tabac qui se sont mis à la mode, et qui n’ont plus ni bois ni charbons, mais des billards russes, des dixièmes de la loterie nationale, des briquets, lames Gillette, papiers timbrés, etc. ; par quelques immeubles crayeux de grande série qui commencent à s’enfoncer dans les vieux jardinets du front d’Auteuil avec leurs maîtresses de pianistes et d’exportateurs. La rue Boislevent sent venir l’haleine froide des galères du béton. Avenue Mozart, la rue de la Source n’est plus qu’un souvenir. L’autobus a déjà remplacé le tramway. On court, ici comme ailleurs, vers le perfectionnement. On « transforme » sans relâche, depuis le fameux jour où Franklin, qui séjourna à Paris, 1, rue Singer, de 1777 à 1785, installa pour la première fois en France un paratonnerre dans une dépendance de l’hôtel Valentinois…

Au carrefour de Passy, qui était, vers 1891, un rond de dames et de mondanités bourgeoises, la vieille pâtisserie Petit, où les familles venaient acheter un gâteau le dimanche et faire goûter les collégiens du lycée Janson de Sailly, a disparu, chassée dans un duel d’artillerie par les bombes pralinées de la pâtisserie Coquelin. M. Bauer, ancien chef d’achats aux Galeries Lafayette et cou-