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d’aspect, mais les amours de passage demeurent… C’est même un peu à une femme que je dois d’avoir connu les cafés des Champs-Élysées, si différents des autres, et qui ne supporteraient pas sans mourir l’absence des clients. Mon excellent confrère François Fosca a écrit que les cafés parisiens étaient trop nombreux, et qu’il faudrait certainement des années pour les visiter et pénétrer leurs secrets. Ceci est exact, si l’on considère la multitude des établissements, leur variété et leur tournure. Pourtant, il ne faut pas plus d’une journée pour se livrer à une enquête approfondie dans un quartier précis. C’est à une femme, je le répète, que je dois d’avoir pris contact avec les grandes verrières des Champs-Élysées. Et quand je dis à une femme, c’est, comme on le verra, façon de parler.

Rien ne désignait spécialement les Champs-Élysées au rôle de Foire aux Cafés qu’ils sont devenus en peu d’années. Foire aux cafés qui va même parfois jusqu’à la foire d’empoigne. C’est là, en effet, que se jouent à peu près toutes les parties du commerce parisien. Pourtant, la denrée en vogue, du Rond-Point à l’Étoile, est d’abord le cinéma. Sont-ce les cafés des Champs-Élysées qui ont donné naissance au marché cinématographique ? Est-ce le cinéma qui a fait sortir du bitume tant de terrasses ? Telle est la double question que je me posais, un matin, au Select, en attendant, devant un quart Vichy, disons-le, une admiratrice. Celle-ci, que je ne connaissais que par son écriture, m’avait écrit de province pour me